Les Tours de Babel de Frank Porcelijn :
une métaphore
Ziggurat, 2006
Autour des tours de Babel de Frank Porcelijn s’enroule comme un long ruban, une frise grouillante. Maisons, fenêtres, passages, ponts, amalgames éclectiques. Ces tours, loin d’être des ruines, même si les hommes n’y figurent pas, révèlent l’agitation fébrile d’une termitière humaine, avide de construire. Car malgré les interdictions d’un Dieu jaloux, ils édifieront une deuxième tour au sommet de la première, à l’abri des regards
Car ne nous y trompons pas. Ces tours de Babel sont une métaphore de l’inlassable création artistique. Elles nous rappellent que tout travail, même inachevé, est une construction ; que sans toutes les fenêtres et les ouvertures, il n’y aurait pas de tours de Babel ; que l’artiste a toujours en tête une idée de complétude, d’achèvement. L’œuvre est évidence, élan, comme la nature qui sans cesse se renouvelle.
Brons Feniks, 2004
Les tours de Babel existaient déjà dans les sculptures de Frank Porcelijn représentant le phénix. Cet oiseau légendaire sort peu à peu d’un œuf, perché sur un socle. L’œuf émerge d’un nid qui se consume, à l’image du travail intérieur. De cette mutation, de cette série de phénix, seul est resté le socle, devenu ziggourat. L’oiseau a pris son envol, l’artiste est confronté à la vraie vie créative.
Du sommet, on observe les spirales, les fondations : l’œuvre est évolutive. Les tours de Babel se situent entre peinture et sculpture. Chaque face est un tableau traité en détail, comme une eau forte. Frank Porcelijn a longuement étudié les stupas en Inde, s’interrogeant sur le principe de leur construction. C’est cette interrogation, cette insatiable curiosité intellectuelle qui caractérise Frank Porcelijn, amoureux de la nature, recherchant une vision globale de l’histoire des hommes, dans leurs combats contre l’adversité.
Comme cette tour qui représente Amsterdam et sa lutte contre la mer, établissant des barrières contre les eaux, créant des échanges commerciaux. La devise de la province de Zélande, « Je lutte et j’émerge », symbolise bien le dynamisme de la Hollande, la puissance maritime d’Amsterdam au dix-septième siècle. Les tours de Frank Porcelijn provoquent chez le spectateur un saut dans la créativité, le toucher, le monde de la sculpture et du palpable, de la terre, amalgame compact de la composition toujours ouverte et en devenir.
Catherine Delamarre, septembre 2008.
Pour en savoir plus sur l'oeuvre de Frank Porcelijn :
www.frankporcelijn.nl