Le temple de Janus
Temple du vent, et de la pluie.
Masse énorme, peuplée d'oiseaux.
Dans les ouvertures
S’engouffre l'air.
Le temple de Janus
a double visage.
Ses murs soutiennent
l'invisible.
Ses portes donnent
sur l'infini.
Ses parois agitées
par le cri des oiseaux
soutiennent des rêves
imaginaires.
La pyramide de Couhard
Les insectes par essaims
bourdonnent dans les pierres
tièdes.
Jour pâle d'été.
Nous avons marché
le long du chemin
qui surplombe la ville.
La pyramide,
en ligne avec le temple
de Janus.
Cheminements telluriques inconnus.
Les insectes gravitent
autour de la pyramide.
Ils rendent sa respiration
lourde, obsédante.
Lieu d'un culte ancien, oublié.
Pyramide de l'oubli
aux souvenirs mal enchevêtrés,
perdus dans les herbes
sèches.
Trois monuments
Catherine Delamarre
Même si elle se consacre davantage à la prose, Catherine Delamarre a publié des poèmes dans Les Cahiers de Saint-Germain-des-Prés. Elle puise son inspiration dans la campagne bourguignonne et ses étrangetés.
Interrogation que l'on retrouve dans trois monuments autunois, Le temple de Janus, structure béante et métaphysique; la pyramide de Couhard, entrevue un jour d'été, le Musée Lapidaire, ses statues rongées par les intempéries.
Sur tous ces monuments le temps pèse, immobile et énigmatique.
Le musée lapidaire d'Autun
Le passé reposait derrière une vieille grille.
Les primevères se mêlaient étroitement aux pierres.
Dans la clarté d'un jour de mai, le vieux cloître et ses mosaïques.
L'église à demi fermée, obscure.
Je suis entrée comme dans un temple. Le cloître plein de pierres et de statues. Les vieux autels jonchent le sol au hasard. La gigantesque statue d'un homme en robe à plis, un homme d'autrefois qui tourne le dos et fait face à une porte minuscule, une porte dérobée.
Les restes du temps ici s'éparpillent. Sous les arcades du cloître et sur la pelouse, des personnages grossiers, provenant de vieux autels gaulois. Une barque rongée par les eaux, des sarcophages de pierre grise. Des anges Renaissance jouent de la mandoline. Le bloc s'arrête, brusquement cassé, et met fin à toute mélodie. Vestiges d'une mosaïque romaine, vieux blasons aux devises à moitié effacées.
La lumière joue sur les pierres, et sur les fleurs. Une vie intense commence là où le silence envahit tout.
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