Le Pays des Trois Châteaux

Parfois, ceux qui traversent la grande plaine de Bouctaride, quand ils ont échappé à la faim, à la soif et aux bêtes féroces, ceux-là aperçoivent une ligne sombre tout au bout de la steppe. En s'en rapprochant, ils distinguent quelques collines d'herbe maigre, et puis, les surmontant, la forteresse d’Egkar. C'est là que commence le pays des Trois Châteaux, ces trois forteresses de pierre séparées par de larges étendues de désert.

S'ils sont avisés et s'ils ont assez de provisions, les voyageurs ne s'arrêteront pas à Egkar. Car ses habitants sont féroces : à trop combattre les pillards du désert, on dit qu'ils sont devenus brigands eux- mêmes. Mieux vaut éviter la forteresse et continuer son chemin vers le sud.

Aux collines d’Egkar succède alors une étendue de pierre grise et brûlante. Il faut marcher longtemps encore avant d'apercevoir la citadelle de Borjmildü, au coeur du pays des Trois Châteaux.

Cernée par le désert vert-gris-blanc, Borjmildü, la forteresse des moines guerriers, observe la marche des astres. Ceux qui vivent là sont des voyageurs en qui l’ardeur du soleil et de terribles épreuves ont fait naître la force mystique de l'illumination. Sans lien avec rien ni personne, ils pensent travailler à construire la cité de Dieu.

Rares sont les étrangers qui peuvent pénétrer dans Borjmildü.

Il n'est alors plus possible d'avancer vers le sud, car dans cette direction le désert de Bouctaride devient infranchissable et il faut infléchir sa route vers l'est.

Après deux ou trois jours dans la plaine brûlante, les étendues grises parsemées de collines font place à un pays de sable, dont il faut redouter les tempêtes car le vent y est incessant. C'est un paysage perpétuellement changeant où les dunes ne se reconnaissent jamais.

On croit à un mirage lorsqu'on découvre Arkzatag, le Château de l'Est, le seul des Trois Châteaux où l'on peut sans crainte faire étape. Le seul aussi qui soit presque une ville.

C'est là que l'on peut rejoindre une caravane.

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