I
Abîmes de l’âme, ruines moussues
Plus rien n’a d’importance
Que le moment présent
Chemins souvent empruntés
Menant à des carrefours incertains
Etangs couverts de feuilles
Statues usées par le temps
Caravanes qui lentement avancent
Sur des voies tracées dans le sable
Pierres abandonnées
Sculptées par le vent
Sur des itinéraires improbables
Prières égrenées au fil des heures
Recroquevillés sous le vaste univers
Nous sommes des guetteurs impassibles,
Interrogateurs, assis autour de cercles de pierres,
Scrutant le vide,
Equilibristes sur les fils du temps.
.
II
Comme un fil que lentement je tire
M’arc-boutant malgré les éléments
Qui se déchaînent
Sous le poids d’une pesanteur accablante
Je rampe dans des couloirs obscurs
Dans une lumière raréfiée
On me dit que là,
Se trouve une équation divine
Des tigres alanguis parcourent des patios surchauffés
Nous sommes les sentinelles
De forteresses intérieures
Construites à force de renonciations,
Forgés d’une pâte
Qui toujours se défait et se reforme
Inlassable spirale qui jamais ne s’achève
Elle renaît dans les remous et les cahots
Insistante, délimitée.
III
Nous mettons nos pas
Dans ceux de chevaliers du temps passé
Voilà bien longtemps qu’ils ont déposé les armes
Combattu à la lance et au maillet
Aimé et regretté
Vieilli et rêvé
Assis sur la margelle des puits
Ils ont enfoui leurs plus beaux souvenirs
Empruntant des voies plus spirituelles, imaginées d’eux seuls,
Marché longuement
Dans des cours aux pavés usés, lavés par les pluies
Guettant tels des fauves, le regard animal et apeuré,
Déroulant dans leur esprit aux aguets
Des éventails aventureux,
Le petit dessein d’une vie.
Autun, avril 2009
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